Estivales 2014 : « New-York, années 50 » – Jean Bizien

Chapelle Saint-Samson, Pleumeur-Bodou : du 28 juin au 31 juillet 2014    

Du lundi au samedi, de 14 h 30 à 18 h 30. Entrée libre

36e Estivales Photographiques du Trégor :  L’Amérique au coeur …

New-York, Années 50 – Jean Bizien

New York villages

Jean Bizien débarque aux Etats-Unis en 1946. Très jeune homme, il découvre le pays par une ville, New York. Une cité faite de centaines d’autres villes, de milliers de villages d’Irlande, d’Italie, de Russie, de Chine, du Mali, d’Afrique du Sud, du Mexique, du Brésil…Des milliers de villages, des millions d’hommes, des milliers d’habitudes différentes, des milliers de fêtes, de langues, des centaines de couleurs de peau, des millions de démarches, une seule langue pour parler ensemble. Une seule ville pour vivre ensemble.
Jean Bizien découvre le monde par une ville.

New York est un miracle. Des millions d’hommes si différents se côtoient, vivent, commercent en paix.

New York est un miracle sombre et joyeux. La paix et la justice humaine sont très relatives.

New York est « des villages », qui dans son architecture a gommé le Village primitif. Pour pouvoir construire autre chose, du passé d’habitat villageois faisons table rase ? Pour pouvoir vivre ensemble, inventons autre chose ? Une ville haute et plus verticale.

Et pourtant les humains photographiés par Jean Bizien sont des villageois dans une ville aux immeubles immenses.
Jean Bizien a saisi la danse de tous ces peuples qui se côtoient dans la ville.
Ce sont des villageois. Ils prennent leur temps, posent leurs journaux sous leur fesses et regardent la vie bouger. Ils jouent aux dames couverts de gros pardessus laineux. Ils dorment dans la rue pour se reposer, l’après-midi. Par misère parfois.
New York est familière, dure et douce. Elle se transforme en ville méditerranéenne. En ville froide et enneigée. En ville de plaisir et de fête. En ville d’enfants, qu’ils soient des adultes ou de vrais enfants. En ville d’hommes seuls, qui se protègent des larmes avec des journaux sous le dos ou les mains fermées sur leur visage. Jean Bizien est là pour recueillir toute cette humanité. Son appareil est comme une bouteille de vin qui a emprisonné les saveurs et les amertumes, les images et les élans d’une époque. Il a ouvert il y a peu de temps, le bouchon du temps. Cinquante ans avant, cinquante ans après.
Jean Bizien est un jeune photographe qui compose, qui travaille le jour et les ombres, qui décrit. Dans ses photographies, la ville n’est jamais trop grande, les hommes trop petits. La ville est déjà affaire d’hommes. Respectueux et tendre avec ses sujets, il est un homme au milieu des hommes, un étranger au milieu d’étrangers eux mêmes étrangers à leur ville. A french Man à New York.

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© Jean Bizien – « New York, années 50 »
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© Jean Bizien – « New York, années 50 »
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© Jean Bizien – « New York, années 50 »
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© Jean Bizien – « New York, années 50 »

L’Amérique au coeur…

ou le regard de cinq photographes français sur les États-Unis.

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- L’Imagerie, 19 rue Jean Savidan, 22300 Lannion
Jérôme Brézillon, Jean-Christophe Béchet, Daniel Nouraud, Richard Pak

Exposition : L’Amérique au coeur, du 30 juin au 4 octobre 2014
Du lundi au samedi, de 10 h à 12 h et de 15 h à 18 h 30 sauf jours fériés. Entrée libre

Olivier Couqueberg

Né en 1932 à Lorient, Jean Bizien a consacré une grande part de sa vie à la photographie, à New York où sa famille s’est installée quand il était enfant et où il a réalisé ses premières séries personnelles puis à Paris où il s’est établi comme photographe publicitaire au début des années 60, activité qu’il a poursuivie pendant plus de 30 ans avant de venir, comme il le dit lui-même, « cultiver son jardin dans le Trégor ».

Son initiation à la photographie fut menée au contact des plus grands auteurs puisqu’il fut assistant d’Irving Penn pendant 2 ans, qu’il travailla avec William Klein (exposé il y a quelques saisons à l’Imagerie) et Henry Clarke.

De la solitude de la rue new yorkaise aux recoins de Central Park où s’isolent les amoureux ou les artistes, des fêtes de « Little Italy » aux marches de Wall Street, Jean Bizien nous offre une vision humaniste et sensible de la métropole américaine.

Il y a 60 ans, un jeune photographe, un jeune breton installé à New York depuis peu, assistant d’ Irving Penn, profite de ses rares moments de liberté pour parcourir, Rolleiflex au cou, New York et ses « villages », de Central Park à Little Italy. Tout l’intéresse dans cette immensité urbaine, moments de repos, de tendresse, de fête, de solitude aussi, tous et chacun qui n’attendent que « celui qui saura les regarder ». Et Jean Bizien a su les regarder d’un objectif amical et nous offrir sa vision humaniste et sensible de la mégalopole américaine.

Un demi siècle plus tard, dans les mêmes lieux, dans les mêmes rues, le Leica acéré de Daniel Nouraud découpe au scalpel, dans le soleil rasant, des silhouettes pressées. Ici plus d’échange, plus de convivialité, on ne regarde plus son voisin, on n’en a rien à faire ou on n’en a pas le temps !

C’est ce temps qui passe, ce temps qui est passé qui semble pousser à la méditation les « Souverains » de Jérôme Brézillon. Indiens dignes et seuls, face à leur Terre, face à leur territoire, face à leur histoire et face à la fin d’une histoire, ils savent s’être fait voler la grandeur d’autrefois.

Histoire toujours mais histoire de tous les jours, histoire d’une Amérique « du dedans » , telle est celle que nous décrit Richard Pak dans ces rencontres au hasard des villes et des rues, au hasard des motels et des bars. Il a patiemment pris la route vers une amérique prolétaire partageant jusqu’à l’intime le quotidien incertain, dramatique parfois, de cette middle (lower ?) class qui l’a accepté au plus près d’elle-même, au plus près de ses problèmes et de sa solitude. Un départ perpétuel dans la déchirure et la supplique du Please, come again .

Observateur clinique et précis, l’oeil de Jean-Christophe Béchet se fait plus lointain. Ses modèles traversent les paysages urbains déglingués d’une « ville argentique » en perdition à la recherche du fantôme de son passé, ou, petites silhouettes solitaires, transpirent l’ennui d’un hameau perdu au fond de nulle part. Si tous les hameaux du monde… air connu !

Programme 36e Estivales