Estivales 2012 : « L’enfance à travers le monde » – Emmanuel Smagues

Estivales 2012, Chapelle de Saint-Samson

« L’enfance à travers le monde » – Emmanuel Smagues : Exposition de 20 photographies  en noir et blanc organisée dans le cadre des « Estivales » par l’Imagerie de Lannion, avec la collaboration de l’OMCL. Thème des Estivales 2012 : « La condition humaine ».

Chapelle Saint-Samson, 22560 Pleumeur-Bodou, du 30 juin au 31 juillet 2012, de 14h30 à 18h30 sauf dimanches et jours fériés. Entrée gratuite.

 

 

Estivales 2012, Chapelle de Saint-Samson, du 30 juin au 31 juillet 2012

« L’enfance à travers le monde » – Emmanuel Smagues

 

L’exposition de 20 photographies en noir et blanc d’Emmanuel Smagues organisée dans le cadre des « Estivales » par l’imagerie de Lannion avec la collaboration de l’OMCL, a rencontré un vif succès : 1001 visiteurs se sont déplacés pour voir cette exposition dans la chapelle Saint-Samson, un record !

Le thème des Estivales 2012 était : « La condition humaine ».


 

 Emmanuel Smague- Innocences

Do – Le photographe est musicien, son violon l’accompagne sur les chemins de traverse de l’Afrique de l’ouest et sa musique offre une part de son âme à qui veut bien la saisir. Donner c’est aussi recevoir en échange, mais le photographe ne dérobe rien, les images ne sont tout simplement que les traces résiduelles d’instants partagés.

Ré – Dix pays sont ici représentés mais, s’il est possible de les citer, reconnaissons que la liste n’a cependant qu’un intérêt anecdotique : l’Inde, le Népal, la Turquie, le Kirghizstan, le Bangladesh, la Mongolie, l’Arménie, l’Égypte, le Mali et l’Irak. Dans le désordre. Car le propos tenu n’est pas géographique, il n’est même pas ethnographique, il ne démontre pas, il ne rationalise pas, il montre, tout simplement, et c’est à prendre avec le cœur.

Mi – Ici point de couleurs pour empaqueter le propos. Prenons par exemple cet instant de vie au bord du rivage du fleuve Niger où l’on sent bien que le soleil tombe à rayons raccourcis sur le paysage. Juste du noir pour l’ombre dense du groupe de jeunes gens, quelques gris pour les personnages qui peuplent l’image, et un immense ciel blanc qui s’arroge presque toute la place.

Fa – Ne nous laissons pas égarer par la simplicité apparente de la composition. Reprenons, pour l’exemple, l’image des berges du Niger. Les jeunes personnes y dialoguent au sens propre mais aussi graphiquement avec les garçons qui jouent les grands sur ce que l’on devine être une embarcation de pêche. Puis le regard descend le long des jambes de l’enfant, jambes qui d’un seul coup oblitèrent l’image et deviennent impérieusement présentes, pour nous laisser sur la minuscule silhouette qui au loin s’en va, sa charge sur la tête, vers on ne sait quelle destinée. Et l’on s‘arrête là, essoufflé.

Sol – Cette image de Katmandou où l’enfant mendiant s’asperge de sang animal afin que la pitié des passants dépose des amas de billets devant son corps à moitié nu porte témoignage d’une extravagante complicité avec le photographe. Quelle nécessaire connivence permet la cohabitation de l’homme blanc, par définition nanti, avec ces très jeunes adolescents dont le dessein journalier est de tout simplement survivre ? Quelle singulière empathie permet d’unir à ce point les dissemblances de natures ?

La – Qui regarde qui ? La petite fille à la poupée trop grande plonge avec confiance ses yeux droit dans les nôtres. À y regarder de près son sourire est celui de Mona Lisa. Se moque-t-elle ? Ou plaint-elle ce pauvre occidental que sa famille accueille pour un temps ? S’il manque un œil à sa poupée, son royaume s’étend sans d’autres limites que l’horizon où se devinent des montagnes. Ici l’instant décisif s’efface, le temps s’arrête, s’étire et devient lui aussi infini.

Si – Le photographe tisse des liens entre lui et les autres, jette un pont entre nous et les autres. Le jeune écolier Rom en veste et cravate qui pose devant les taudis de tissus et de cartons que sa communauté habite semble partager plus de choses avec nous qu’avec les habitants des immeubles voisins qu’un mur sépare et qui ferment l’image.

# Chaque cliché que nous propose Emmanuel Smague est comme un accord. Accord majeur que l’on perçoit sans nuance à l’instar de ces enfants arméniens qui jouent dans leur maison ou accord mineur, plus subtil où l’œil découvre des résonances et des échos à l’exemple de ce bébé du Ladakh dans son couffin d’osier.

 

Daniel Collobert, avril 2012

 

 

Né à Rennes en 1968, Emmanuel Smague n’a depuis jamais quitté la Bretagne…, sauf quand il s’évade. Nomade et sédentaire à la fois. Chacune de ses destinations est directement lié à un projet photographique : le Transsibérien, les peuples nomades de l’Asie Centrale à la Mongolie, les chiffonniers du Caire, la région de Tchernobyl, les enfants de la rue à Katmandou, un quartier de prostituées au Bangladesh… Voyageur ou photographe ? Sans doute les deux. Une nécessité de s’inventer des prétextes à la découverte et la rencontre d’un peuple. 

 

Expositions au festival  Pluie d’Images-Brest ; à l’Hôtel de Sauroy-Paris. Livre sur le Kurdistan Irakien aux éditions de Juillet..